samedi 17 novembre 2012

Médecins transphobes et black out

Je poste pour raconter deux trucs:

D'abord, ce matin en allant chercher mon courrier, je me suis dit "tiens, si j'avais la réponse du service de médiation aujourd'hui, ça me foutrait bien les nerfs et ça me mettrait en condition pour la manif de cet aprem". Ben ça a pas loupé, deux mois après, j'ai eu ma réponse.

C'est vraiment une sacré bande de connards. Résumé de la lettre:

- Vous avez eu une consultation avec le dr W, qui vous a conseillé de prendre rendez-vous avec sa collègue, parce que lui n'avait pas de place.
-> mensonge. W a dit qu'il me rappelerait dans la semaine pour me fixer une date d'opé. Il ne m'a pas conseillé d'aller voir sa collègue, j'avais pris rendez-vous avec elle avant de prendre rendez-vous avec lui; il ne savait même pas que j'allais la voir puisque je ne le lui ai pas dit. Quand j'ai vu sa collègue, elle n'était pas non plus au courant que je l'avais vu avant que je le lui dise.

- CV n'a pas prévenu B, l'interne qu'il devait m'opérer (W non plus visiblement, mais ça illes n'en parlent pas). B n'est pas vraiment le remplaçant de CV d'ailleurs. Il est "regrettable" qu'elle ne m'en n'ai pas informé.
-> Quand j'ai revu W pour la deuxième et dernière fois, il avait juste l'air de détester CV, et je pense que tout le monde essaie juste de tout lui foutre sur le dos. Illes disent aussi que en gros B ne peut pas opérer. L'anesthésiste et l'infirmière qui gère les plannings m'ont dit qu'il opérait.

- B a confirmé à W qu'il avait envoyé une lettre à mon médecin traitant pour lui faire part des "conclusions médicales de la consultation", parce que "il est important que le médecin traitant d'un patient soit informé des consultations spécialisées de son patient pour une meilleure prise en charge".
-> Sauf que d'une, il ne voulait pas m'opérer, donc des conclusions médicales, je ne vois pas où il a été en chercher, de deux, mon opinion sur la SOFECT ne rentre en aucun cas dans le cadre de mon suivi médical.

- Après avoir discuté avec B, W estime que ma "prise en charge serait plus optimalee dans un centre de référence en transsexualité, d'autant qu'il s'avère obligatoire d'entretenir un suivi psychologique de deux ans par rapport à votre demande initiale".
-> J'aimerais beaucoup qu'illes m'envoient le texte de loi qui indique ça.

- "L'intervention chirurgicale que vous envisagez doit être prise en charge par un centre de référence de la chirurgie du transsexualisme tel que celui de l'hôpital de Saint Louis à Paris"
-> Hahahaha.

Donc bref, en gros illes m'apprennent que personne ne m'opèrera chez elleux. Après qu'il y a deux mois, B m'ait dit de prendre rendez-vous avec son remplaçant définitif pour une date d'opération. J'avais rendez-vous le 12 cette semaine. Je n'y suis pas allé. J'imagine dans quel état je serais si j'étais allé à ce rendez-vous, que j'avais compté là dessus, en me disant qu'illes n'allaient pas me planter une 4ème fois. J'ai la haine contre cette bande hypocrites. Que ce soit une bande de transphobes qui ne veut pas m'opérer, déjà ça me gave, qu'illes ne l'assument même pas et me laissent mariner presque un an, c'est encore pire.

Je ne sais pas trop quoi faire. Soit je réponds à la lettre et j'attends de nouveau 2 mois qu'on me donne une réponse. Soit je décide de porter plainte pour violation du secret médical, mais j'y crois pas une seconde et aller chez les flics est la dernière chose que j'ai envie de faire. Soit je laisse pisser, mais je sais pas si je vais arriver à me dire que je m'en branle, que j'ai une date ailleurs, mais ça me démangera sans doute de ne pas leur envoyer un dernier mail. Bref, j'me tâte, ça me soule, je voudrais juste un "ok, on a merdé, on est des connards, on s'excuse". Je peux toujours rêver.

Et sinon, cet aprem il m'est arrivé un truc dont je ne me remets pas trop. Au contre-rassemblement, une meuf me parlait, et puis elle me dit que la dernière fois qu'elle m'a vu, c'était après la gay pride y'a deux ans, à une soirée dans un squat et que j'allais pas bien. Effectivement, y'a deux ans on a organisé une soirée alternative à la soirée qui coûte la peau du cul et qui est organisée pour les mecs cis. Et c'est parti en vrille pour moi vers la fin quand un gay cis super transphobe refusait de se casser alors qu'on voulait ranger, m'a balancé plein de trucs atroces à la tronche ("t'es qu'une gouine mal-baisée qui se prend pour un mec"), m'a menacé de viol ("viens on sort et je te foutrais ta casquette dans la chatte", entre autres), j'ai failli lui foutre mon poing dans la tronche (je l'ai pas fait et je le regrette encore), je l'ai poussé contre le bar et je me suis cassé plus loin, et des copines ont pris le relai. Après ça il m'a encore insulté, les autres l'ont foutu dehors. Après, je me rappelle avoir fait une crise d'angoisse, j'ai demandé une clope à quelqu'un parce que j'arrivais pas à rouler la mienne parce que je tremblais trop, j'arrivais pas trop à parler, et plus tard des potes m'ont ramené chez moi en voiture, après j'ai écrit ce qui s'était passé. Dans mes souvenirs, il y avait quelques potes de l'orga, et deux personnes du squat.
Et cette meuf qui m'a parlé cette aprem avait l'air au courant de ce qui s'était passé, et surtout m'a assuré qu'après ça, j'avais pleuré dans ses bras et ceux de sa pote trans pendant presque une heure. Moi, je n'ai aucun souvenir de ça, j'étais sûr d'avoir croisé cette personne à une manif un jour peut être, et encore. Ça me fait super bizarre d'avoir visiblement oublié tout ça. Je sais que cette histoire m'avait foutu en vrac, et que depuis je ne suis pas trop sorti, mais je ne pensais pas que j'avais pu oublier toute une partie de ce qui s'était passé sous le coup de la peur/l'énervement/tout ça -j'avais pas bu d'alcool du tout, donc c'est absolument pas une histoire de cuite pendant laquelle j'aurais tout oublié-.
C'est vraiment super chelou comme sensation, je suis super perplexe.

mercredi 24 octobre 2012

Opération, énième épisode

J'avais rendez-vous avec un nouveau chirurgien à un autre endroit (dans une clinique privée près de Rennes) il y a deux semaines.
Le rendez-vous s'est pas mal passé. Il n'a pas tiqué sur le fait que je n'ai pas d'attestation de psychiatre (j'ai une attestation de psychologue), il n'a jamais opéré de trans avant. Il était plutôt sympa, il ne m'a pas posé de question déplacée, j'étais assez à l'aise. Le rendez-vous a duré presque 3 quarts d'heure je crois.
Il était d'accord pour m'opérer, mais il voulait parler avec d'autres chirurgiens qui avaient déjà opéré des trans (et ça tombait bien puisqu'il y avait une rencontre entre chirs plastiques le samedi suivant) pour savoir comment coder l'acte et pour être sûr de sa technique.
Bien sûr, le fait qu'il n'ai jamais opéré de trans, ça fait que je sers un peu de cobaye, mais j'étais parti sur cette idée là à peu près depuis le début, même si je sais que c'est un peu casse-gueule potentiellement. Je suis rassuré par le fait qu'il soit honnête avec moi sur le fait que c'est différent de ce qu'il a l'habitude de faire sur des bios et qu'il se soit renseigné auprès des personnes que je lui avais conseillées (C. de Montauban et LT de Saint Brieuc) avant de me dire oui pour de bon.
J'ai eu les boules jusqu'à hier qu'il ai aussi discuté avec les chirs de Rennes, mais a priori ça n'a pas été le cas.
Il m'avait bloqué une date le 27 novembre, qu'il devait me confirmer, mais la secrétaire m'a appelé hier pour dire que ça serait le 9 janvier. C'était aussi possible le 11 décembre, mais ça tombe sur la première partie de mes examens, donc c'était pas super possible pour moi.

Alors bon, tout ça est assez positif, je le revois le 12 décembre pour régler des trucs, et puis je vois l'anesthésiste par la même occasion. LE truc qui me fait grave chier, c'est que c'est reparti pour 2 mois et demi d'attente, et j'ai l'impression que je passe mon temps à attendre 3 mois qu'il se passe quelque chose depuis un an, et je commence vraiment à saturer. Là c'est reparti depuis cette nuit pour les insomnies et les joyeusetés dans le style, ça me gonfle quand même.

Bon du coup, j'ai 2 mois et demi pour planifier mon arrêt de la clope. Là pour le moment, je le sens pas trop il faut dire.

J'ai pas de nouvelles de mes deux lettres à l'hôpital sud, j'aimerais bien que ça se règle pour de bon et qu'on arrête de me laisser mariner dans le vent.

jeudi 11 octobre 2012

Chapeau Mamelon et Bottes de Queer, c'est fini

Je relaie le texte pondu par les 3 personnes (dont moi) qui se sont faites dégager d'une radio associative.
Je précise que je pense que je ne me reconnais plus tant que ça dans le terme "queer", enfin c'est en cours de réflexion.

Pourquoi Chapeau Mamelon et Bottes de Queer, c'est fini.

Une partie de l'équipe, Camille, Lou et Raph, nous sommes fait-e-s mettre à la porte par le bureau de Radio Campus Rennes, sur laquelle nous avions lancé une émission transpdégouine et féministe en septembre dernier (Chapeau Mamelon et Bottes de Queer)
Nous tenions à visibiliser ce pour quoi nous avons été mis-e-s dehors et montrer le poids que peuvent avoir les lGbt maintreams sur la parole des personnes plus radicales.

Chapitre 1 : la démocratie chez RCR :

Avant l'assemblée générale de l'association l'année passée, les salarié-e-s se sont mis-e-s en grève en raison de la suppression du « comité de pilotage » de l'association. Sans rentrer trop dans des détails techniques, le bureau voulait décider seul et sans l'avis des salarié-e-s du fonctionnement de la radio, et ces dernièr-e-s n'étaient pas d'accord avec cette modification. L'AG était donc plutôt tendue.
Nous avons dû voter pour ou contre la suppression du comité de pilotage. Les explications du bureau sur ce point n'étant pas claires, étant donné qu'il avait été dit que, quelle que soit le résultat du vote, le bureau refuserait de se rendre aux réunions du comité, et que conformément aux statuts, les réunions ne pourraient donc pas avoir lieu, l'un-e de nous a demandé si il-le avait bien compris, et si ce vote était uniquement une façade pour faire croire à une décision démocratique. La secrétaire a répondu par la positive.
Un membre du bureau a ensuite parlé des salarié-e-s comme d' « outils ».
Le vote a eu lieu. Sur la cinquantaine de personnes votantes, 2 ont voté pour la suppression du comité et les autres se sont abstenues. Il a été décidé par le bureau que la proposition était donc acceptée. L'un de nous a protesté, mais on nous a demandé de nous taire.
Concernant cette proposition, on peut aussi évoquer le fait que le président de RCR ai indiqué que pour régler les « problèmes » avec les salarié-e-s, la radio ferait appel à l'aide de la Ligue de l'Enseignement, au bureau de laquelle il siège également (comme dans de nombreuses associations, la preuve ici : http://yvan.trellu.eu/ ), et qui n'était par conséquent pas forcément neutre par rapport à la situation.
Plus tard dans l'AG, 8 personnes se sont déclarées candidates au CA, dont les membres du bureau de l'année écoulée. On peut noter que le président a affirmé qu'il ne voulait plus de la présidence (cette affirmation a cependant été infirmée par la suite, puisqu'il est toujours président à l'heure actuelle). On a ensuite entendu « le nouveau CA est élu ». Sans vote. Si effectivement il y avait 8 postes à pourvoir et que 8 personnes s'étaient présentées, il nous semble évident et nécessaire d 'avoir tout de même recours à un vote (en particulier lorsque la charte de l'association insiste tant sur les valeurs citoyennes et la démocratie...), histoire de ne pas faire penser à celleux qui dirigent qu'illes ont les pleins pouvoirs et que tout le monde est d'accord avec elleux.
L'un-e de nous a demandé des explications sur cette auto-proclamation à la direction de l'association, et le président a répondu que cela se passait toujours ainsi, conformément aux statuts.
Après vérification de cette affirmation qui s'est évidemment avérée fausse, rien n'indiquant les modalités d’élection du CA, l'un-e de nous a envoyé un mail sur la liste de diffusion de la radio pour demander comment proposer l'ajout d'un paragraphe à ce sujet dans les statuts de l'association. Le mail a dans un premier temps été bloqué par le bureau avant d'être validé par l'un-e des salarié-e-s de l'époque.

Le bureau est seul décisionnaire de qui passe ou ne passe pas à la radio, et de quel projet est accepté ou non. Les adhérent-e-s n'ont absolument pas leur mot à dire (ce qui est franchement étonnant pour une radio « associative »).

Chapitre 2 : Mauvaise foi du bureau

Nous avons, au cours de l'année passée, critiqué à plusieurs reprises dans nos émissions la politique institutionnelle, les partis politiques, dont le parti socialiste.
Nous avons relayé les informations concernant les actions et événements LGBT, féministes et/ou TPG qui nous paraissaient cohérent avec notre ligne politique.
Nous avons aussi critiqué des associations mainstreams. Quelques exemples de ce qui a pu ne pas plaire au bureau de RCR :
  • Interview d'un élu à Rennes Métropole concernant la différence de traitement entre les rappeurs Sexion d'Assaut et Orelsan (les premiers, non-blancs ayant reçu l'interdiction de jouer à Rennes, le second, blanc, ayant pu jouer 2 fois en 3 ans sans aucun problème). La question sur l'éventuel racisme de la mairie PS n'a pas du passer....
  • Critique d'une proposition de loi sur les transidentités par Michelle Delaunay, députée PS.
  • Rectificatif concernant une action qui avait été présentée par le CGLBT de Rennes comme organisée uniquement par elleux, alors que d'autres associations étaient impliquées dans le projet et avaient été invisibilisées dans la communication. Suite à cette rectification a eu lieu une violente dispute par mail avec l'un des membres du CA du CGLBT.
  • Refus de faire une émission spéciale sur un événement organisé par le CGLBT, étant donné que d'autres choses se passaient à ce moment là, et que nous n'avions aucune envie de donner plus de place au CGLBT qu'aux autres associations.
  • Critique de la « marche des fiertés LGBT » et refus de faire une émission spéciale à ce sujet.
  • Arrachage de drapeaux français qui ornaient le local de l'association après les élections présidentielles (!)
  • Etc...

Nous avons été informé-e-s de la décision de nous interdire de continuer plus d'un mois après que la décision a été prise (et encore, nous l'avons su par des salarié-e-s de RCR « qui n'avaient pas le droit d'en parler » mais l'on fait parce que cela faisait un mois et demi que nous demandions une date d'enregistrement puis, en l'absence de réponse, envoyions des mails pour savoir ce qu'il se passait).
A notre mail qui les interrogeait sur la censure dont nous faisons l'objet, il a été répondu que le mot « censure » était inadapté à la situation. Cependant, les faits sont les faits, et nous sommes bien censuré-e-s.

Il nous a été reproché (par le bureau, bien sûr) :
  • le fait que « de nombreuses » associations LGBT avaient adressé des plaintes à la radio à notre sujet. D'une part, étant donné le nombre d'association LGBT à Rennes, ce reproche est déjà en soi hilarant. D'autre part, nous imaginons que les « nombreuses » associations concernées sont... Le CGLBT (nb. RCR participe à l'organisation de la marche des fiertés, et est proche du CGLBT). Et peut être aussi HES (Homosexualités et Socialisme). Aucune association (à part le membre du CA du CGBLT évoqué plus haut) ne nous a contacté pour se plaindre. Nous serions donc curieux-se-s de connaître ces multiples associations passées inaperçues dans le monde « militant » rennais que nous aurions insultées sans même avoir connaissance de leur existence. De plus, si des associations ont passé l'année à se plaindre de nous, nous nous demandons pourquoi le bureau n'a pensé à nous en avertir que cette semaine, préférant nous virer plutôt que de nous prévenir en cours d'année pour nous demander de rectifier le tir.
  • Le fait de ne pas être « polis ». Sur ce point, nous ne les contredirons pas, nous n'avons aucune envie de dire « bonjour », « merci » et « cordialement » et des personnes qui s'assoient sur l'avis des membres de l'association et méprise ses salarié-e-s (nb. 3 des 4 salarié-e-s ont démissionné au cours de l'an passé). Parfois il faut choisir entre politesse et hypocrisie.

Lors d'une réunion avec le vice-président de l'association avant le lancement de l'émission, il nous a été dit qu'il ne fallait pas :
  • trop parler de cul de manière explicite
  • ne pas critiquer sans argument
  • ne pas menacer qui que ce soit de mort

Nous sommes donc étonné-e-s de constater que « les Queerissons » (ex-e-s deux autres membres de l'équipe) aient obtenu, eux, un créneau sur RCR pour cette année étant donné qu'il-le-s sont les deux à avoir le plus parlé de cul à l'antenne l'année passé, blagué sur des menaces de mort à Orelsan et fait des blagues sur l'ingestion de bébés par des chiens. Le problème n'est pas de savoir si tout cela est dans l'absolu « bien » ou « mal », mais de mettre en avant le fait que la décision de nous virer Camille, Lou et Raph, est politique et absolument pas liée au respect des statuts de l'association. L'argument du « nouveau concept d'émission » proposé par ces dernièr-e-s nous paraît bancal, étant donné qu'il s'agit des mêmes personnes. Si les associations se sont plaintes du contenu de Chapeau Mamelon et Bottes de Queer, les queerissons sont aussi visé-e-s par ces accusations.
On peut aussi relever le choix politique de donner le créneau d'une émission TPG et féministe à une équipe de 2 personnes dont un mec cisgenre au lieu de le donner à une équipe composée de 2 meufs et un mec trans.

Voilà, on rend l'antenne pour le moment, mais on la reprend bientôt et ailleurs, surtout, et sous un autre nom.

Camille, Lou et Raph.

mardi 9 octobre 2012

Secret médical

Et pour reprendre avec mes péripéties palpitantes...

J'ai été chez mon médecin traitant la semaine dernière pour des trucs qui n'avaient pas de rapport avec ma transition. Quand j'arrive, y'avait une enveloppe avec mon nom dessus, avec des papiers qui dépassaient. Je me suis dit que c'était des papiers que je lui avais laissé la dernière fois ou des trucs dans le style. Et bien pas du tout! Dans ces papiers il y avait une lettre de mon endoc (qui m'avait dit qu'elle allait lui envoyer ce qu'il fallait me prescrire comme bilan sanguin) mais surtout, une lettre du dernier chirurgien que j'ai vu, celui qui m'a définitivement envoyé bouler sous des prétextes douteux, avant de me conseiller d'aller en équipe "officielle".
Ce sinistre blaireau (pardon pour les blaireaux) a jugé opportun de lui envoyer une sorte de transcription de notre entretien. Ce mec ne va jamais me revoir, il m'a envoyé bouler, mais il trouve ça cohérent d'envoyer un courrier à mon médecin traitant pour lui dire qu'il m'a conseillé de me diriger vers une "équipe spécialisée" comme il dit, mais que je ne "cautionne pas leurs pratiques".
Comme j'avais déjà envoyé un courrier au service de médiation (j'ai eu une réponse qui me dit que mon courrier avait été reçu, et qu'on me répondrait un jour, il y a  semaines environ), j'ai renvoyé un mail, parce que quand même, se brosser avec le secret médical et balancer mes critiques sur le protocole de la SOFECT, faut pas exagérer. J'ai reçu un mail qui dit que je recevrai une réponse "dans les plus bref délais", et cette fois-ci, on m'envoie du "Respectueusement". J'imagine que c'est lié au fait que j'ai menacé de porter plainte (mais comme j'ai aucune envie d'aller voir les flics, ni d'avoir à me frotter à la justice, c'était juste une blague, mais comme j'ai pas mis "lol" à la fin de la phrase, il-le-s sont pas au courant).

Je trouve ça ouf. Je suis trans, je ne suis pas d'accord avec les protocoles dits officiels mis en place par des super-expert-e-s, donc il faut le signaler. Ça me rappelle l'endoc que j'ai vu à Paris qui m'a fait un cours sur comment devenir un homme respectable, intégré et invisible. Je suis trans, on peut tout se permettre, en plus ça ne peut que m'aider parce que je souffre et que je suis perdu.

Bref, je ne sais pas ce que j'attends de ce deuxième mail (ni du premier), parce qu'en fait je ne vois pas ce qu'il-le-s peuvent me répondre. Enfin cela dit je leur fais confiance parce que leur imagination pour créer des situations absurdes pour me surprendre a jusque là été plutôt étonnante.

Demain matin, j'ai un rendez-vous avec un chirurgien à côté de Rennes.

Allez vous branler sur vos propres identités, merci.

[J'ai lu des textes plus argumentés que celui là sur le thème "je ne suis pas une théorie pour cisgenre souvent universitaire qui a envie de se branler sur mon genre parce qu'être trans c'est trop subversif, allez, dis moi ce que t'as dans ton caleçon", mais tant pis]

Je crois que c'est juste un coup de gueule et que j'aurai peut être la flemme de faire un argumentaire construit, mais franchement, la branlette sur des théories sooo subversives et tout ça sur le dos des trans, sans jamais parler des problèmes pratiques, matériels que les trans peuvent rencontrer, ça commence à me courir sur le haricot.
Voir des universitaires cisgenres publier des articles sur des perfomeur-se-s trans en mode "comment c'est trop cool de réfléchir sur la déconstruction du genre grâce aux trans, comment c'est trop exotique", et c'est à peu près tout, ça me soule.
Allo! Les trans c'est pas juste un concept destiné à vous distraire au cinéma et dans des spectacles, c'est pas juste une idée destinée à vous branler sur des concepts! Si vous voulez déconstruire le concept de genre, vous en avez sans doute un aussi, vous êtes pas obligé-e-s de vous émerveiller devant nos parties génitales (surtout quand les mots pour en parler sortent de votre plume et pas de celle de la personne dont vous parlez).

Je ne dis pas que les artistes trans ne doivent pas avoir de visibilité, loin de là, mais j'ai la fâcheuse tendance à trouver que quand cette visibilité vient des cisgenres, y'a une espèce d'odeur louche autour. Et puis bon, c'est bien d'avoir compris que de passer à la télé maintream pour raconter nos vies en mode "on souffre trop! Ayez pitié! Tolérez nous!" c'était pas productif (voire nuisible) parce que ça éludait toute les questions politiques, mais je ne suis pas sûr que de remplacer ça par une invisibilisation des questions politiques (de type ce qui nous opprime matériellement) au profit d'une utilisation comme objet de branlette intellectuelle soit plus positif. Parler de non-binarité du genre ça peut aussi être intéressant d'en parler aussi sous l'angle de ce qu'on peut se prendre dans la gueule quand on est perçu-e comme non binaire (que ça soit volontairement ou non), et pas uniquement dans le milieu artistique.

Je suppose que tout ça est lié au fait que je sois dans une période où je me reprends dans la gueule tous ces trucs chiants liés au fait d'être trans dans une société cisgenre qui n'en a rien à foutre de ce que je peux avoir à dire à part si ça peut la distraire, mais j'en ai raz le cul d'être laissé de côté pour certains trucs (certains événements, certains discours, certaines actions) où je pense que je serais légitime à être là (parce que c'est difficile pour moi en tant que trans qui n'a fait fait d'opé du torse d'aller à la plage seul, parce que j'ai un utérus et que je peux coucher avec des mecs bios et que je me sens concerné directement par l'avortement, etc...), mais d'être inclus de force à certains autres trucs (études universitaires où, vu comment ça tourne, je me sens juste utilisé parce que je suis un être exotique qui sort tellement de l'ordinaire, performances de cisgenre dans lesquelles on visibilise, alors qu'on est cis, certains aspects de mon parcours que je n'ai pas envie de partager avec un public majoritairement hermétique aux problématiques trans, et où je suis là aussi en un sens exposé comme un animal de foire, discours d'assos "LGBT" qui ne parlent que des homos cisgenres, marche de nuit dans laquelle on inclue les trans dans le titre mais dans aucun autre endroit du communiqué qui fait 2 pages, etc...).

Post post, Grace et Volupté

mercredi 5 septembre 2012

Grace aux médecins, je vais bien

Mon rendez-vous avec l'interne s'est mal passé. L'autre m'avait envoyé chez l’anesthésiste pour que je puisse avoir une date courant septembre/octobre. J'ai poireauté un mois en y croyant pas trop, mais en ayant forcément un espoir que ça se débloque. Que dalle, cet abruti m'a fait venir pour me dire qu'il avait annulé ma date dés son arrivée. C'était il y a trois mois. Si il m'avait prévu tout de suite, j'aurais pu prendre rendez-vous ailleurs, mettre des thunes de côté, mais non, que dalle.
Il m'a conseillé de prendre rendez-vous avec son remplaçant qui arrive en novembre parce que j'ai catégoriquement refusé l'idée de prendre contact avec l'équipe de Paris.
Je me suis montré aussi désagréable que possible, en insistant sur le fait que j'en avais raz le cul de me faire balader et qu'ils me foutaient dans la merde, ce qui a eu pour effet qu'il m'emmène prendre un rendez-vous au secrétariat et me plante dans le couloir sans me faire repasser dans son bureau pour récupérer ma feuille de soins.

Du coup, j'essaie de penser à autre chose, mais c'est vraiment compliqué. Je me suis de nouveau trouvé à chialer devant l'hôpital. Je dors mal. Je les déteste viscéralement. Sur mon attestation psy (que les trois chir ont lue) y'a écrit que j'ai des problèmes d'anxiété. Elle-ux, rien à foutre, illes jouent avec mes nerfs, avec mon stress, n'en ont rien à foutre que j'ai le moral à zéro et que je sois dans une situation d'attente super désagréable depuis des mois.

J'ai écrit une lettre de deux pages que j'ai envoyé au service de médiation de l'hôpital. J'ai plus vraiment envie de me faire opérer là bas de toute façon, c'est plus pour les emmerder qu'en espérant quoi que ce soit de leur part.

Cet après midi j'ai pris un rendez-vous dans une clinique privée près de Rennes. Je ne sais pas si il acceptera de m'opérer, ni si j'aurai envie qu'il le fasse. Comme le rendez-vous est en octobre, ça me coupe mes deux mois d'attente en deux.
C'est à double tranchant d'avoir pris ce rendez-vous, parce que si ça se passe mal, ça va encore me miner le moral puissance 10000. Après je peux me dire que j'ai un rendez-vous un mois après et que ça va bien se passer, mais j'en peux plus de me dire "allez, dans un mois j'aurai avancé", alors que depuis janvier je passe mon temps à attendre qu'on veuille bien me laisser faire ma vie.

Vraiment, les médecins (encore plus que les administrations), ce sont les trucs qui rendent ma transition désagréable et que des fois ça me gave franchement d'être trans. Même quand illes sont "friendly" y'a toujours une question déplacée qui sort à un moment, et je reste une pompe à fric qu'on tolère (avec tout le potentiel négatif que je peux accorder à ce terme) parce que je rapporte du blé.

dimanche 19 août 2012

Questions au chirurgien

Oh, je viens de me rappeler que j'avais un blog, alors que je pouvais aussi venir poster ici.

Donc j'ai rendez-vous dans 15 jours avec l'interne qui était supposé m'opérer avec le premier chir que j'ai vu. J'ai préparé des questions à lui poser (sachant que certaines questions devraient être éliminatoires - pour moi en tout cas - enfin disons que dans mes moments de lucidité, je me dis que ça serait crétin d'y aller si la réponse à ces questions n'était pas celle que j'attendais). Alors ça peut servir à celleux qui vont à un rendez-vous pré-op, pour s'en inspirer pour leur propre liste (si vous aussi vous faites des listes), mais aussi, si vous avez d'autres questions qui vous paraissent intéressantes, vous pouvez partager :D
Alors:

  • Depuis combien de temps il opère ? (C'est un interne, c'est surtout pour ça que je pose la question)
  • Combien de fois il a pratiqué cette opération ?Est-ce qu'il a des photos de ses résultats ?
  • Est-ce qu'il opère seul ? (Pareil là, et c'est aussi parce que la chirurgienne qu'il remplace m'avait dit qu'il opérait avec le chef de service, qui, quand je l'ai vu la semaine dernière, n'avait pas forcément l'air au courant)
  • Quelles sont les complications possible ? (Je les connais en soi, mais c'est pour voir si il est honnête)
  • Si il y a des complications, comment il procède ?
  • Est-ce qu'il y a un moyen rapide de le joindre en cas de problème ? (Genre est-ce qu'il me file son mail par exemple)
  • Comment se passe le suivi post-opératoire ?
  • Est-ce qu'il peut changer mon prénom sur ses documents ?
  • Combien de temps dure l'arrêt maladie après l'opération ?
  • Quelle technique il utilise pour les aréoles ?
  • Je suis allergique aux pansements, je fais quoi ?
  • J'ai des problèmes de cicatrisations, qu'est-ce qu'on peut faire pour améliorer ça ?
  • J'ai la mâchoire qui craque et qui se bloque parfois, est-ce qu'il y a des risques pour l'intubation (que je reste coincé ou un truc dans le style -j'ai zappé de le dire à l'anesthésiste, j'y ai pensé en sortant) ?
  • Qu'est-ce que je dois emmener à l'hôpital pour mon hospitalisation ?
Évidemment, y'a aussi la technique qu'il compte utiliser, mais ça j'espère qu'il me le dira de lui-même et que je n'aurai pas à lui tirer les vers du nez. 

jeudi 9 août 2012

Evolution de ma voix

Deux vidéos de l'évolution de ma voix. La première, c'était à 5 mois de testo (une ampoule toutes les trois semaines), et la deuxième à 11 mois. Là je suis à 14 mois et ça n'a plus bougé depuis la dernière de toute évidence, donc j'ai la flemme de refaire un enregistrement là tout de suite. J'avoue que je regrette de ne pas en avoir fait une avant de commencer les hormones. J'ai juste la vidéo du dessous, du zap de Chiland, mais le son n'est pas top et forcément, les conditions d'enregistrement ne sont pas les mêmes mais ça donne quand même une idée. Pour information, la disparition du chat et l'apparition d'une boucle d'oreille géante sur la seconde vidéo ne sont pas des effets secondaires du traitement hormonal.

Pourquoi ça me blase

Je vais mal vivre le temps qui va passer jusqu'à mon rendez-vous avec le nouveau chirurgien parce que:
  • Ma date était fixée depuis 4 mois et demi, je comptais les jours depuis qu'elle était fixée, et là je suis dans le flou à ne pas savoir quand ça va arriver.
  • La date tombait 10 jours avant ma rentrée. Là, ça risque de me faire louper 2 ou 3 semaines de cours le temps que je sois sur pied, et c'est pas que c'est un super drame, mais à la base c'était quand même prévu pour que ça ne soit pas le cas, ou que je loupe juste la semaine de rentrée.
  • J'ai de gros problèmes de rapport à mon corps quand le corps médical prend des décisions qui me bloquent dans l'avancée de ma transition. Je trouve ça tellement révoltant, que des psys puissent me foutre dans la merde parce qu'illes refusent de s'engager, que les endocs me donnent des leçons de vie parce qu'illes sont cisgenre et que du coup elleux illes savent comment ça se passe la vraie vie, que des chirurgien-ne-s se permettent de me planter, comme ça, sans explication cohérente, que du coup je déteste les parties de mon corps que j'aimerais voir changer (mais avec qui je n'ai pas de relation spécialement violente en dehors de ces moments à la con).
  • Je trouve ça super stressant de me faire opérer, parce que j'ai peur de l'anesthésie, du résultat, de plein de choses. Du coup me rajouter du temps d'attente, c'est juste super naze.
  • Attendre sans savoir combien de temps précisément, ça me rend ouf.
  • Mon rendez-vous chez l'anesthésiste aurait dû être un moment enthousiasmant qui marquait le dernier mois à passer. Là, à part retourner le couteau dans la plaie, ça n'a pas fait grand chose.
  • J'avais envie de faire des choses avant cette opération, pour garder des souvenirs, et tester des trucs avant. Par exemple, je voulais aller me baigner torse nu en étant hormoné, pour voir comment je le vivais. Là, la simple idée d'aller à la plage entouré de mecs cis torse nu, me donne envie de pleurer, et je doute que ce sentiment s'estompe avant la fin de l'été (en plus bon, c'est pas comme si c'était faisable tous les jours vu comme il fait moche...). Du coup je leur en veux pour ça, de ne pas me laisser profiter de cet été comme du dernier avant que j'ai un torse plat. C'était important pour moi de vivre ces situations une dernière fois, mais je n'ai pas envie que ça soit juste quelque chose de violent que je m'impose, j'aurais voulu que ça se passe en douceur.
  • Bêtement, j'aurais voulu que cette période pré-opératoire se déroule (hormis les moment de stress parce que je suis un flippé de la vie), dans l'impatience de l'arrivée de ce moment positif. Là c'est mort. Au mieux je peux éviter d'y penser, mais de toute façon ça reste dans un coin de ma tête, au pire je suis juste triste.

Annulation de ma date d'opé

Comme je le craignais, ça s'est mal passé. J'avais rendez-vous avec le premier chir que j'avais vu (et qui était sensé m'opérer avec le remplaçant).
Je me pointe à l'accueil, et mon rendez-vous n'était pas sur les plannings. Après avoir fait le tour de l'hôpital avec la secrétaire (qui est très sympathique au demeurant), on retourne dans le service, elle va voir le chirurgien, ferme la porte, et me laisse poireauter dans le couloir pendant 5 minutes avant de ressortir et de me laisser entrer.
Le chir me dit qu'il ne sait pas trop pourquoi on m'a envoyé le voir, mais qu'il doit me dire que mon intervention est annulée parce que son collègue n'est pas là assez longtemps pour assurer le suivi post-op. J'ai les larmes qui montent aux yeux, y'a tout qui se casse la gueule dans ma tête. Je demande l'intérêt qu'il y a à remplacer cette chirurgienne si le remplaçant ne peut pas opérer (ce qui semble un peu tiré par les cheveux). Il m'explique que non mais certaines opérations il peut les faire, mais dans mon cas c'est plus compliqué. Je ne capte rien à ce qu'il essaie de me dire, je ne vois pas quelles opérations ne nécessitent aucun suivi, mais je ne suis pas médecin, alors bref.
Je dis que ce n'est vraiment pas cool de leur part, que j'avais cette date, que pour moi c'était calé depuis plus de 4 mois, et que là je me retrouve dans le flou à attendre qu'ils se bougent pour pouvoir continuer ma vie. Il me dit que oui, mais bon, en septembre peut être quand je verrai son collègue il sera ok pour le faire quand même, et que sinon de toute façon y'a un remplaçant permanent qui arrive en novembre. Je fais Oo. "Ah oui, le docteur CV ne vous a pas dit qu'elle ne reviendrai pas?". Ah ben non, elle a omis de me le dire en effet, vu qu'elle avait laissé sous entendre qu'elle reprendrai le truc en main quand elle reviendrait. Du coup oui, c'est super rassurant que potentiellement je doive encore attendre novembre pour avoir un rendez-vous avec un mec que je ne connais pas, qui ne voudra peut être pas m'opérer, et qui, étant donné le bordel dans cet hôpital, n'existe peut être même pas. Il dit que ça ne l'étonne pas plus que ça qu'elle ne m'en ai pas informé. Après il cherche un truc sur son ordi, parle de mon dossier comme d'encore un qui a bugué, et m'annonce que de toute façon, ben le chir en question il n'opère pas ce jour-là puisque le bloc est déjà pris.
Su-per.
Ça s'est terminé sur "allez au rendez-vous avec l'anesthésiste dans 3 jours comme prévu, ensuite vous verrez le 3 septembre avec le docteur B si il veut bien vous filer une date, ça vous convient?" "Non, mais bon, j'ai pas le choix hein".

J'étais au rendez-vous avec l'anesthésiste. Elle m'a rassuré sur les choses qui me faisaient flipper (l'intubation, les nausées au réveil et ma mort potentielle), et m'a promis que je ne mourrai pas pendant cette opération.

Maintenant je poireaute tel le poireau et je suis profondément dégoûté. J'ai pris un rendez-vous avec un autre chirurgien, dans le privé, qui coûte très cher mais a des mutuelles à conseiller pour que ça ne coûte pas grand chose. Je préfèrerais vraiment ne pas avoir besoin d'y aller.

mercredi 1 août 2012

Torso or not torso

Ça fait longtemps que je voulais écrire un truc sur le choix de faire cette opération (non pas de l'écrire sur ce blog, ça fait un quart d'heure qu'il existe, mais bref, j'me comprends). En fait j'ai l'impression d'avoir vu peu de témoignages de trans (qui se situent dans le spectre masculin on va dire), qui voyaient cette étape comme une étape facultative, et je ne sais pas si c'est dû au fait qu'il est communément admis qu'on est censé-e-s avoir envie de la faire le plus rapidement possible, ou si c'est parce qu'effectivement tout le monde le voit comme ça.

Quand j'ai commencé à me définir comme trans, c'était évident pour moi que la mastectomie était un peu le plus urgent, et que j'en voulais forcément une. Je n'enlevais jamais mon binder, sauf pour dormir et me laver, tout ça tout ça.
Quand j'ai eu mon attestation, soudain je m'en suis foutu de me mettre torse nu (seul et avec ma copine), alors qu'avant c'était problématique.
Après j'ai commencé les hormones, et là ça s'est encore simplifié. J'ai même été me baigner torse nu l'année dernière, ce qui n'était pas envisageable avant (mais bon, ça a été le cas 2 ou 3 fois en tout, c'était pas non plus un truc systématique hein).
Du coup, comme c'est devenu évident que si mon torse me dérangeait, c'était parce que c'était impossible pour moi de vivre sans mon binder en société (hors vacances sur la plage deux fois dans l'année), mais que mon torse n'était pas une partie de moi que je détestais en dehors de critères genrés que la société impose, je me suis posé la question de si j'en restais là (pour le moment du moins), ou si j'y allais.
Il y a aussi le fait que dans un cadre érotique, j'aime bien qu'on se serve de mon torse et que j'ai peur de paumer ça avec l'opération.
Ce qui a pesé dans le "allons y finalement", c'est que je suis incapable de sortir sans mon binder, et que je ne le supporte plus. Il y a aussi le fait que j'étais persuadé que j'aurai une périaréolaire, alors que je me voyais depuis longtemps avec une double-incisions. Je ne sais pas trop si c'est super clair, mais je me visualise avec des cicatrices, et pas avec un torse semblable à un torse bio. Du coup bah quand j'ai capté qu'en fait je pouvais aussi avec une double, ben c'était plus trop un problème.

En fait objectivement, je pense que je pourrais survivre sans cette opération, mais que ça impliquerait de me priver de pas mal de choses, tandis que la faire m'apportera incontestablement un certain confort de vie et me sécurisera dans mes rapports avec la société.

Je ne pense pas forcément (mais qui vivra verra), qu'après l'opération je me réveillerai émerveillé parce que enfin j'aurai le corps que j'aurais toujours dû avoir (même si je serai content et soulagé de l'avoir fait). Je pense plutôt qu'il est possible que je flippe jusqu'à ce que tout soit cicatrisé, que si des choses se passent mal je me dise que j'ai merdé et que je n'aurais pas dû le faire. Je pense aussi que ça me fera "bizarre" au début de me voir plat. Par contre je suis certain qu'une fois que ce sera vraiment fini, et tout et tout, je serai très content, que j'apprivoiserai super bien cette nouvelle partie de moi et que je me dirai que j'ai fait le bon choix, même si le résultat n'est pas aussi génial que d'autres que j'ai pu voir avant.

Enfin bref, c'était juste pour nuancer un peu, et dire que pour moi ce n'était pas quelque chose d'évident dans mon parcours de me décider à faire cette opération, même si maintenant je suis certain de vouloir passer par là (et le plus vite possible, je suis super impatient d'être plat avec des cicatrices).

Torso - rétrospective

Une fois de plus je crée un blog, c'est très original. On verra bien combien de temps ça durera, mais j'ai besoin d'un espace où raconter ma vie de trans par écrit, et j'ai aussi envie d'avoir un endroit à moi pour poster les photos de ma torsoplastie (quand elle aura eu lieu évidemment).

A propos de cette opération, p'tit récap:
  • début janvier: prise de contact par mail avec le dr. C de Montauban pour lui demander ses tarifs et si il acceptait les attestations de psychologue. Trop cher pour moi, trop loin (et donc encore plus cher), et veut absolument une attestation de psychiatre.
  • 15 janvier: prise de rendez-vous avce le pr. W de l'hôpital sud de Rennes. 
  • 16 janvier: prise de rendrez-vous avec le dr. C-V du même hôpital.
  • 30 mars: rendez-vous avec le dr. W. Je le sens bien. Il ne sait pas si il peut m'opérer. Je lui explique l'absence de loi, blabla, et comme il se rend compte que c'est moi qui anime la formation transidentités pour laquelle il a reçu une invitation, il a l'air de me croire. Il me dit qu'il me recontactera.
  • 16 avril: rendez-vous avec le dr. C-V (comme je n'ai pas eu de nouvelles du premier, j'y vais, sinon j'aurais annulé). Elle est sympa aussi, a déjà opéré un pote, me prend en photo de tous les côtés, s'extasie sur mon pelage (ça m'énerve un peu, m'enfin bon, avec les médecins c'est un peu toujours la même rengaine, faudra que j'apprenne à les recadrer un jour, mais je ferai ça quand une opération n'en dépendra pas et que je serai capable de remettre les gens à leur place IRL), me file une date d'opération. Par contre, ça sera son collègue (que j'ai vu deux semaines avant) qui m'opérera, avec un interne, parce que elle, elle sera en congés. L'opération aura lieu le 7 septembre, soit 4 mois et 3 semaines plus tard. Elle me dit elle aussi que je recevrai des nouvelles par courrier dans la semaine. Pas de convention avec la sécu contrairement à ce que demandait son collègue, comme j'ai une ALD, c'est bon.
  • 1 mois plus tard, aucune nouvelle. J'appelle l'hosto. Les plannings pour septembre ne sont pas encore validés par le big boss, va falloir que j'attende. Je suis super blasé parce que je flippe grave à l'idée que le planning ne soit pas validé pour je ne sais quelle obscure raison.
  • Fin mai je reçois un courrier de l'hôpital. Ce sont deux convocations pour un rendez-vous avec le chirurgien et un autre avec l’anesthésiste, ainsi que des papiers à remplir (pour l'anesthésie et pour l'admission). Je peux un peu me calmer et arrêter de roder autour de la boîte aux lettres, c'est reposant.
  • Mais! .... Quelques temps plus tard, nouveau courrier de l'hôpital. Le rendez-vous avec le chir est avancé au 30 juillet (au lieu du 6 août). Sauf que moi, bah je ne suis pas en Bretagne à ce moment là. J'appelle l'hosto, et la dame me dit que oui mais bon du coup le mec il est pas là tout le mois d'août, donc bah va falloir repousser l'opération. Je pleurniche un peu et elle trouve une date juste avec l'opé (le 3 septembre). Ça me soule parce que j'aurais voulu le voir avant, et pas juste avant le jour-J, mais bon tant pis.
  • Je pars en vacances, je reviens le 31 juillet, et je trouve une lettre de l'hôpital qui me convie à un rendez-vous avec l'autre chir... Le 26 juillet. J'avais déjà dit que je n'étais pas là à cette date, ça me blase. J'appelle le secrétariat en panique. La dame qui gère les plannings n'est là que le lendemain. On me dit "ah ben c'est bizarre, votre intervention est annulée". Ben oui, je ne suis pas venu, donc paf, plus de date. 
  • Je rappelle ce matin, donc, et j'ai un rendez-vous demain matin. En attendant, ma date est toujours annulée et l'infirmière ne peut pas me dire si la date est toujours dispo ou quoi, donc je vais encore mariner jusqu'à demain.
Globalement, j'avoue être plutôt blasé. Je suis bien sûr content d'avoir trouvé des gens là où j'habite, que je n'aie rien à payer de ma poche, et que mon attestation de psychologue me suffise. Mais c'est vraiment prise de tête. J'ai l'impression que depuis janvier, donc 8 mois, je passe mon temps à attendre. J'ai attendu les rendez-vous, ensuite j'ai attendu des réponses, ensuite j'ai attendu qu'une tuile me tombe sur la tronche (annulation, etc...), là elle est tombée, et j'attends de voir si elle va se remettre en place pour pouvoir de nouveau attendre en flippant jusqu'à l'opération.
Je n'ai pas de problème énorme avec mon torse. Je peux me doucher la lumière allumée, je peux baiser avec ma copine torse nu, je peux me promener à oilpé chez moi... Mais quand l'avancée de mon parcours dépend du bon vouloir de médecins, j'ai vraiment du mal à enlever mon binder et à ne pas être blasé/dégoûté/en colère contre mon corps. C'est super chiant, je suis super tendu, j'ai juste envie de grogner en attendant que tout ça soit passé. C'est naze parce que cette opération c'est quelque chose de positif et que tous les trucs qu'il y a autour, ça me casse tout.

Bref, je viendrai raconter la suite de mes aventures palpitantes avec les hôpitaux demain.