mercredi 1 août 2012

Torso or not torso

Ça fait longtemps que je voulais écrire un truc sur le choix de faire cette opération (non pas de l'écrire sur ce blog, ça fait un quart d'heure qu'il existe, mais bref, j'me comprends). En fait j'ai l'impression d'avoir vu peu de témoignages de trans (qui se situent dans le spectre masculin on va dire), qui voyaient cette étape comme une étape facultative, et je ne sais pas si c'est dû au fait qu'il est communément admis qu'on est censé-e-s avoir envie de la faire le plus rapidement possible, ou si c'est parce qu'effectivement tout le monde le voit comme ça.

Quand j'ai commencé à me définir comme trans, c'était évident pour moi que la mastectomie était un peu le plus urgent, et que j'en voulais forcément une. Je n'enlevais jamais mon binder, sauf pour dormir et me laver, tout ça tout ça.
Quand j'ai eu mon attestation, soudain je m'en suis foutu de me mettre torse nu (seul et avec ma copine), alors qu'avant c'était problématique.
Après j'ai commencé les hormones, et là ça s'est encore simplifié. J'ai même été me baigner torse nu l'année dernière, ce qui n'était pas envisageable avant (mais bon, ça a été le cas 2 ou 3 fois en tout, c'était pas non plus un truc systématique hein).
Du coup, comme c'est devenu évident que si mon torse me dérangeait, c'était parce que c'était impossible pour moi de vivre sans mon binder en société (hors vacances sur la plage deux fois dans l'année), mais que mon torse n'était pas une partie de moi que je détestais en dehors de critères genrés que la société impose, je me suis posé la question de si j'en restais là (pour le moment du moins), ou si j'y allais.
Il y a aussi le fait que dans un cadre érotique, j'aime bien qu'on se serve de mon torse et que j'ai peur de paumer ça avec l'opération.
Ce qui a pesé dans le "allons y finalement", c'est que je suis incapable de sortir sans mon binder, et que je ne le supporte plus. Il y a aussi le fait que j'étais persuadé que j'aurai une périaréolaire, alors que je me voyais depuis longtemps avec une double-incisions. Je ne sais pas trop si c'est super clair, mais je me visualise avec des cicatrices, et pas avec un torse semblable à un torse bio. Du coup bah quand j'ai capté qu'en fait je pouvais aussi avec une double, ben c'était plus trop un problème.

En fait objectivement, je pense que je pourrais survivre sans cette opération, mais que ça impliquerait de me priver de pas mal de choses, tandis que la faire m'apportera incontestablement un certain confort de vie et me sécurisera dans mes rapports avec la société.

Je ne pense pas forcément (mais qui vivra verra), qu'après l'opération je me réveillerai émerveillé parce que enfin j'aurai le corps que j'aurais toujours dû avoir (même si je serai content et soulagé de l'avoir fait). Je pense plutôt qu'il est possible que je flippe jusqu'à ce que tout soit cicatrisé, que si des choses se passent mal je me dise que j'ai merdé et que je n'aurais pas dû le faire. Je pense aussi que ça me fera "bizarre" au début de me voir plat. Par contre je suis certain qu'une fois que ce sera vraiment fini, et tout et tout, je serai très content, que j'apprivoiserai super bien cette nouvelle partie de moi et que je me dirai que j'ai fait le bon choix, même si le résultat n'est pas aussi génial que d'autres que j'ai pu voir avant.

Enfin bref, c'était juste pour nuancer un peu, et dire que pour moi ce n'était pas quelque chose d'évident dans mon parcours de me décider à faire cette opération, même si maintenant je suis certain de vouloir passer par là (et le plus vite possible, je suis super impatient d'être plat avec des cicatrices).

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