jeudi 11 octobre 2012

Chapeau Mamelon et Bottes de Queer, c'est fini

Je relaie le texte pondu par les 3 personnes (dont moi) qui se sont faites dégager d'une radio associative.
Je précise que je pense que je ne me reconnais plus tant que ça dans le terme "queer", enfin c'est en cours de réflexion.

Pourquoi Chapeau Mamelon et Bottes de Queer, c'est fini.

Une partie de l'équipe, Camille, Lou et Raph, nous sommes fait-e-s mettre à la porte par le bureau de Radio Campus Rennes, sur laquelle nous avions lancé une émission transpdégouine et féministe en septembre dernier (Chapeau Mamelon et Bottes de Queer)
Nous tenions à visibiliser ce pour quoi nous avons été mis-e-s dehors et montrer le poids que peuvent avoir les lGbt maintreams sur la parole des personnes plus radicales.

Chapitre 1 : la démocratie chez RCR :

Avant l'assemblée générale de l'association l'année passée, les salarié-e-s se sont mis-e-s en grève en raison de la suppression du « comité de pilotage » de l'association. Sans rentrer trop dans des détails techniques, le bureau voulait décider seul et sans l'avis des salarié-e-s du fonctionnement de la radio, et ces dernièr-e-s n'étaient pas d'accord avec cette modification. L'AG était donc plutôt tendue.
Nous avons dû voter pour ou contre la suppression du comité de pilotage. Les explications du bureau sur ce point n'étant pas claires, étant donné qu'il avait été dit que, quelle que soit le résultat du vote, le bureau refuserait de se rendre aux réunions du comité, et que conformément aux statuts, les réunions ne pourraient donc pas avoir lieu, l'un-e de nous a demandé si il-le avait bien compris, et si ce vote était uniquement une façade pour faire croire à une décision démocratique. La secrétaire a répondu par la positive.
Un membre du bureau a ensuite parlé des salarié-e-s comme d' « outils ».
Le vote a eu lieu. Sur la cinquantaine de personnes votantes, 2 ont voté pour la suppression du comité et les autres se sont abstenues. Il a été décidé par le bureau que la proposition était donc acceptée. L'un de nous a protesté, mais on nous a demandé de nous taire.
Concernant cette proposition, on peut aussi évoquer le fait que le président de RCR ai indiqué que pour régler les « problèmes » avec les salarié-e-s, la radio ferait appel à l'aide de la Ligue de l'Enseignement, au bureau de laquelle il siège également (comme dans de nombreuses associations, la preuve ici : http://yvan.trellu.eu/ ), et qui n'était par conséquent pas forcément neutre par rapport à la situation.
Plus tard dans l'AG, 8 personnes se sont déclarées candidates au CA, dont les membres du bureau de l'année écoulée. On peut noter que le président a affirmé qu'il ne voulait plus de la présidence (cette affirmation a cependant été infirmée par la suite, puisqu'il est toujours président à l'heure actuelle). On a ensuite entendu « le nouveau CA est élu ». Sans vote. Si effectivement il y avait 8 postes à pourvoir et que 8 personnes s'étaient présentées, il nous semble évident et nécessaire d 'avoir tout de même recours à un vote (en particulier lorsque la charte de l'association insiste tant sur les valeurs citoyennes et la démocratie...), histoire de ne pas faire penser à celleux qui dirigent qu'illes ont les pleins pouvoirs et que tout le monde est d'accord avec elleux.
L'un-e de nous a demandé des explications sur cette auto-proclamation à la direction de l'association, et le président a répondu que cela se passait toujours ainsi, conformément aux statuts.
Après vérification de cette affirmation qui s'est évidemment avérée fausse, rien n'indiquant les modalités d’élection du CA, l'un-e de nous a envoyé un mail sur la liste de diffusion de la radio pour demander comment proposer l'ajout d'un paragraphe à ce sujet dans les statuts de l'association. Le mail a dans un premier temps été bloqué par le bureau avant d'être validé par l'un-e des salarié-e-s de l'époque.

Le bureau est seul décisionnaire de qui passe ou ne passe pas à la radio, et de quel projet est accepté ou non. Les adhérent-e-s n'ont absolument pas leur mot à dire (ce qui est franchement étonnant pour une radio « associative »).

Chapitre 2 : Mauvaise foi du bureau

Nous avons, au cours de l'année passée, critiqué à plusieurs reprises dans nos émissions la politique institutionnelle, les partis politiques, dont le parti socialiste.
Nous avons relayé les informations concernant les actions et événements LGBT, féministes et/ou TPG qui nous paraissaient cohérent avec notre ligne politique.
Nous avons aussi critiqué des associations mainstreams. Quelques exemples de ce qui a pu ne pas plaire au bureau de RCR :
  • Interview d'un élu à Rennes Métropole concernant la différence de traitement entre les rappeurs Sexion d'Assaut et Orelsan (les premiers, non-blancs ayant reçu l'interdiction de jouer à Rennes, le second, blanc, ayant pu jouer 2 fois en 3 ans sans aucun problème). La question sur l'éventuel racisme de la mairie PS n'a pas du passer....
  • Critique d'une proposition de loi sur les transidentités par Michelle Delaunay, députée PS.
  • Rectificatif concernant une action qui avait été présentée par le CGLBT de Rennes comme organisée uniquement par elleux, alors que d'autres associations étaient impliquées dans le projet et avaient été invisibilisées dans la communication. Suite à cette rectification a eu lieu une violente dispute par mail avec l'un des membres du CA du CGLBT.
  • Refus de faire une émission spéciale sur un événement organisé par le CGLBT, étant donné que d'autres choses se passaient à ce moment là, et que nous n'avions aucune envie de donner plus de place au CGLBT qu'aux autres associations.
  • Critique de la « marche des fiertés LGBT » et refus de faire une émission spéciale à ce sujet.
  • Arrachage de drapeaux français qui ornaient le local de l'association après les élections présidentielles (!)
  • Etc...

Nous avons été informé-e-s de la décision de nous interdire de continuer plus d'un mois après que la décision a été prise (et encore, nous l'avons su par des salarié-e-s de RCR « qui n'avaient pas le droit d'en parler » mais l'on fait parce que cela faisait un mois et demi que nous demandions une date d'enregistrement puis, en l'absence de réponse, envoyions des mails pour savoir ce qu'il se passait).
A notre mail qui les interrogeait sur la censure dont nous faisons l'objet, il a été répondu que le mot « censure » était inadapté à la situation. Cependant, les faits sont les faits, et nous sommes bien censuré-e-s.

Il nous a été reproché (par le bureau, bien sûr) :
  • le fait que « de nombreuses » associations LGBT avaient adressé des plaintes à la radio à notre sujet. D'une part, étant donné le nombre d'association LGBT à Rennes, ce reproche est déjà en soi hilarant. D'autre part, nous imaginons que les « nombreuses » associations concernées sont... Le CGLBT (nb. RCR participe à l'organisation de la marche des fiertés, et est proche du CGLBT). Et peut être aussi HES (Homosexualités et Socialisme). Aucune association (à part le membre du CA du CGBLT évoqué plus haut) ne nous a contacté pour se plaindre. Nous serions donc curieux-se-s de connaître ces multiples associations passées inaperçues dans le monde « militant » rennais que nous aurions insultées sans même avoir connaissance de leur existence. De plus, si des associations ont passé l'année à se plaindre de nous, nous nous demandons pourquoi le bureau n'a pensé à nous en avertir que cette semaine, préférant nous virer plutôt que de nous prévenir en cours d'année pour nous demander de rectifier le tir.
  • Le fait de ne pas être « polis ». Sur ce point, nous ne les contredirons pas, nous n'avons aucune envie de dire « bonjour », « merci » et « cordialement » et des personnes qui s'assoient sur l'avis des membres de l'association et méprise ses salarié-e-s (nb. 3 des 4 salarié-e-s ont démissionné au cours de l'an passé). Parfois il faut choisir entre politesse et hypocrisie.

Lors d'une réunion avec le vice-président de l'association avant le lancement de l'émission, il nous a été dit qu'il ne fallait pas :
  • trop parler de cul de manière explicite
  • ne pas critiquer sans argument
  • ne pas menacer qui que ce soit de mort

Nous sommes donc étonné-e-s de constater que « les Queerissons » (ex-e-s deux autres membres de l'équipe) aient obtenu, eux, un créneau sur RCR pour cette année étant donné qu'il-le-s sont les deux à avoir le plus parlé de cul à l'antenne l'année passé, blagué sur des menaces de mort à Orelsan et fait des blagues sur l'ingestion de bébés par des chiens. Le problème n'est pas de savoir si tout cela est dans l'absolu « bien » ou « mal », mais de mettre en avant le fait que la décision de nous virer Camille, Lou et Raph, est politique et absolument pas liée au respect des statuts de l'association. L'argument du « nouveau concept d'émission » proposé par ces dernièr-e-s nous paraît bancal, étant donné qu'il s'agit des mêmes personnes. Si les associations se sont plaintes du contenu de Chapeau Mamelon et Bottes de Queer, les queerissons sont aussi visé-e-s par ces accusations.
On peut aussi relever le choix politique de donner le créneau d'une émission TPG et féministe à une équipe de 2 personnes dont un mec cisgenre au lieu de le donner à une équipe composée de 2 meufs et un mec trans.

Voilà, on rend l'antenne pour le moment, mais on la reprend bientôt et ailleurs, surtout, et sous un autre nom.

Camille, Lou et Raph.

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