mercredi 24 octobre 2012

Opération, énième épisode

J'avais rendez-vous avec un nouveau chirurgien à un autre endroit (dans une clinique privée près de Rennes) il y a deux semaines.
Le rendez-vous s'est pas mal passé. Il n'a pas tiqué sur le fait que je n'ai pas d'attestation de psychiatre (j'ai une attestation de psychologue), il n'a jamais opéré de trans avant. Il était plutôt sympa, il ne m'a pas posé de question déplacée, j'étais assez à l'aise. Le rendez-vous a duré presque 3 quarts d'heure je crois.
Il était d'accord pour m'opérer, mais il voulait parler avec d'autres chirurgiens qui avaient déjà opéré des trans (et ça tombait bien puisqu'il y avait une rencontre entre chirs plastiques le samedi suivant) pour savoir comment coder l'acte et pour être sûr de sa technique.
Bien sûr, le fait qu'il n'ai jamais opéré de trans, ça fait que je sers un peu de cobaye, mais j'étais parti sur cette idée là à peu près depuis le début, même si je sais que c'est un peu casse-gueule potentiellement. Je suis rassuré par le fait qu'il soit honnête avec moi sur le fait que c'est différent de ce qu'il a l'habitude de faire sur des bios et qu'il se soit renseigné auprès des personnes que je lui avais conseillées (C. de Montauban et LT de Saint Brieuc) avant de me dire oui pour de bon.
J'ai eu les boules jusqu'à hier qu'il ai aussi discuté avec les chirs de Rennes, mais a priori ça n'a pas été le cas.
Il m'avait bloqué une date le 27 novembre, qu'il devait me confirmer, mais la secrétaire m'a appelé hier pour dire que ça serait le 9 janvier. C'était aussi possible le 11 décembre, mais ça tombe sur la première partie de mes examens, donc c'était pas super possible pour moi.

Alors bon, tout ça est assez positif, je le revois le 12 décembre pour régler des trucs, et puis je vois l'anesthésiste par la même occasion. LE truc qui me fait grave chier, c'est que c'est reparti pour 2 mois et demi d'attente, et j'ai l'impression que je passe mon temps à attendre 3 mois qu'il se passe quelque chose depuis un an, et je commence vraiment à saturer. Là c'est reparti depuis cette nuit pour les insomnies et les joyeusetés dans le style, ça me gonfle quand même.

Bon du coup, j'ai 2 mois et demi pour planifier mon arrêt de la clope. Là pour le moment, je le sens pas trop il faut dire.

J'ai pas de nouvelles de mes deux lettres à l'hôpital sud, j'aimerais bien que ça se règle pour de bon et qu'on arrête de me laisser mariner dans le vent.

jeudi 11 octobre 2012

Chapeau Mamelon et Bottes de Queer, c'est fini

Je relaie le texte pondu par les 3 personnes (dont moi) qui se sont faites dégager d'une radio associative.
Je précise que je pense que je ne me reconnais plus tant que ça dans le terme "queer", enfin c'est en cours de réflexion.

Pourquoi Chapeau Mamelon et Bottes de Queer, c'est fini.

Une partie de l'équipe, Camille, Lou et Raph, nous sommes fait-e-s mettre à la porte par le bureau de Radio Campus Rennes, sur laquelle nous avions lancé une émission transpdégouine et féministe en septembre dernier (Chapeau Mamelon et Bottes de Queer)
Nous tenions à visibiliser ce pour quoi nous avons été mis-e-s dehors et montrer le poids que peuvent avoir les lGbt maintreams sur la parole des personnes plus radicales.

Chapitre 1 : la démocratie chez RCR :

Avant l'assemblée générale de l'association l'année passée, les salarié-e-s se sont mis-e-s en grève en raison de la suppression du « comité de pilotage » de l'association. Sans rentrer trop dans des détails techniques, le bureau voulait décider seul et sans l'avis des salarié-e-s du fonctionnement de la radio, et ces dernièr-e-s n'étaient pas d'accord avec cette modification. L'AG était donc plutôt tendue.
Nous avons dû voter pour ou contre la suppression du comité de pilotage. Les explications du bureau sur ce point n'étant pas claires, étant donné qu'il avait été dit que, quelle que soit le résultat du vote, le bureau refuserait de se rendre aux réunions du comité, et que conformément aux statuts, les réunions ne pourraient donc pas avoir lieu, l'un-e de nous a demandé si il-le avait bien compris, et si ce vote était uniquement une façade pour faire croire à une décision démocratique. La secrétaire a répondu par la positive.
Un membre du bureau a ensuite parlé des salarié-e-s comme d' « outils ».
Le vote a eu lieu. Sur la cinquantaine de personnes votantes, 2 ont voté pour la suppression du comité et les autres se sont abstenues. Il a été décidé par le bureau que la proposition était donc acceptée. L'un de nous a protesté, mais on nous a demandé de nous taire.
Concernant cette proposition, on peut aussi évoquer le fait que le président de RCR ai indiqué que pour régler les « problèmes » avec les salarié-e-s, la radio ferait appel à l'aide de la Ligue de l'Enseignement, au bureau de laquelle il siège également (comme dans de nombreuses associations, la preuve ici : http://yvan.trellu.eu/ ), et qui n'était par conséquent pas forcément neutre par rapport à la situation.
Plus tard dans l'AG, 8 personnes se sont déclarées candidates au CA, dont les membres du bureau de l'année écoulée. On peut noter que le président a affirmé qu'il ne voulait plus de la présidence (cette affirmation a cependant été infirmée par la suite, puisqu'il est toujours président à l'heure actuelle). On a ensuite entendu « le nouveau CA est élu ». Sans vote. Si effectivement il y avait 8 postes à pourvoir et que 8 personnes s'étaient présentées, il nous semble évident et nécessaire d 'avoir tout de même recours à un vote (en particulier lorsque la charte de l'association insiste tant sur les valeurs citoyennes et la démocratie...), histoire de ne pas faire penser à celleux qui dirigent qu'illes ont les pleins pouvoirs et que tout le monde est d'accord avec elleux.
L'un-e de nous a demandé des explications sur cette auto-proclamation à la direction de l'association, et le président a répondu que cela se passait toujours ainsi, conformément aux statuts.
Après vérification de cette affirmation qui s'est évidemment avérée fausse, rien n'indiquant les modalités d’élection du CA, l'un-e de nous a envoyé un mail sur la liste de diffusion de la radio pour demander comment proposer l'ajout d'un paragraphe à ce sujet dans les statuts de l'association. Le mail a dans un premier temps été bloqué par le bureau avant d'être validé par l'un-e des salarié-e-s de l'époque.

Le bureau est seul décisionnaire de qui passe ou ne passe pas à la radio, et de quel projet est accepté ou non. Les adhérent-e-s n'ont absolument pas leur mot à dire (ce qui est franchement étonnant pour une radio « associative »).

Chapitre 2 : Mauvaise foi du bureau

Nous avons, au cours de l'année passée, critiqué à plusieurs reprises dans nos émissions la politique institutionnelle, les partis politiques, dont le parti socialiste.
Nous avons relayé les informations concernant les actions et événements LGBT, féministes et/ou TPG qui nous paraissaient cohérent avec notre ligne politique.
Nous avons aussi critiqué des associations mainstreams. Quelques exemples de ce qui a pu ne pas plaire au bureau de RCR :
  • Interview d'un élu à Rennes Métropole concernant la différence de traitement entre les rappeurs Sexion d'Assaut et Orelsan (les premiers, non-blancs ayant reçu l'interdiction de jouer à Rennes, le second, blanc, ayant pu jouer 2 fois en 3 ans sans aucun problème). La question sur l'éventuel racisme de la mairie PS n'a pas du passer....
  • Critique d'une proposition de loi sur les transidentités par Michelle Delaunay, députée PS.
  • Rectificatif concernant une action qui avait été présentée par le CGLBT de Rennes comme organisée uniquement par elleux, alors que d'autres associations étaient impliquées dans le projet et avaient été invisibilisées dans la communication. Suite à cette rectification a eu lieu une violente dispute par mail avec l'un des membres du CA du CGLBT.
  • Refus de faire une émission spéciale sur un événement organisé par le CGLBT, étant donné que d'autres choses se passaient à ce moment là, et que nous n'avions aucune envie de donner plus de place au CGLBT qu'aux autres associations.
  • Critique de la « marche des fiertés LGBT » et refus de faire une émission spéciale à ce sujet.
  • Arrachage de drapeaux français qui ornaient le local de l'association après les élections présidentielles (!)
  • Etc...

Nous avons été informé-e-s de la décision de nous interdire de continuer plus d'un mois après que la décision a été prise (et encore, nous l'avons su par des salarié-e-s de RCR « qui n'avaient pas le droit d'en parler » mais l'on fait parce que cela faisait un mois et demi que nous demandions une date d'enregistrement puis, en l'absence de réponse, envoyions des mails pour savoir ce qu'il se passait).
A notre mail qui les interrogeait sur la censure dont nous faisons l'objet, il a été répondu que le mot « censure » était inadapté à la situation. Cependant, les faits sont les faits, et nous sommes bien censuré-e-s.

Il nous a été reproché (par le bureau, bien sûr) :
  • le fait que « de nombreuses » associations LGBT avaient adressé des plaintes à la radio à notre sujet. D'une part, étant donné le nombre d'association LGBT à Rennes, ce reproche est déjà en soi hilarant. D'autre part, nous imaginons que les « nombreuses » associations concernées sont... Le CGLBT (nb. RCR participe à l'organisation de la marche des fiertés, et est proche du CGLBT). Et peut être aussi HES (Homosexualités et Socialisme). Aucune association (à part le membre du CA du CGBLT évoqué plus haut) ne nous a contacté pour se plaindre. Nous serions donc curieux-se-s de connaître ces multiples associations passées inaperçues dans le monde « militant » rennais que nous aurions insultées sans même avoir connaissance de leur existence. De plus, si des associations ont passé l'année à se plaindre de nous, nous nous demandons pourquoi le bureau n'a pensé à nous en avertir que cette semaine, préférant nous virer plutôt que de nous prévenir en cours d'année pour nous demander de rectifier le tir.
  • Le fait de ne pas être « polis ». Sur ce point, nous ne les contredirons pas, nous n'avons aucune envie de dire « bonjour », « merci » et « cordialement » et des personnes qui s'assoient sur l'avis des membres de l'association et méprise ses salarié-e-s (nb. 3 des 4 salarié-e-s ont démissionné au cours de l'an passé). Parfois il faut choisir entre politesse et hypocrisie.

Lors d'une réunion avec le vice-président de l'association avant le lancement de l'émission, il nous a été dit qu'il ne fallait pas :
  • trop parler de cul de manière explicite
  • ne pas critiquer sans argument
  • ne pas menacer qui que ce soit de mort

Nous sommes donc étonné-e-s de constater que « les Queerissons » (ex-e-s deux autres membres de l'équipe) aient obtenu, eux, un créneau sur RCR pour cette année étant donné qu'il-le-s sont les deux à avoir le plus parlé de cul à l'antenne l'année passé, blagué sur des menaces de mort à Orelsan et fait des blagues sur l'ingestion de bébés par des chiens. Le problème n'est pas de savoir si tout cela est dans l'absolu « bien » ou « mal », mais de mettre en avant le fait que la décision de nous virer Camille, Lou et Raph, est politique et absolument pas liée au respect des statuts de l'association. L'argument du « nouveau concept d'émission » proposé par ces dernièr-e-s nous paraît bancal, étant donné qu'il s'agit des mêmes personnes. Si les associations se sont plaintes du contenu de Chapeau Mamelon et Bottes de Queer, les queerissons sont aussi visé-e-s par ces accusations.
On peut aussi relever le choix politique de donner le créneau d'une émission TPG et féministe à une équipe de 2 personnes dont un mec cisgenre au lieu de le donner à une équipe composée de 2 meufs et un mec trans.

Voilà, on rend l'antenne pour le moment, mais on la reprend bientôt et ailleurs, surtout, et sous un autre nom.

Camille, Lou et Raph.

mardi 9 octobre 2012

Secret médical

Et pour reprendre avec mes péripéties palpitantes...

J'ai été chez mon médecin traitant la semaine dernière pour des trucs qui n'avaient pas de rapport avec ma transition. Quand j'arrive, y'avait une enveloppe avec mon nom dessus, avec des papiers qui dépassaient. Je me suis dit que c'était des papiers que je lui avais laissé la dernière fois ou des trucs dans le style. Et bien pas du tout! Dans ces papiers il y avait une lettre de mon endoc (qui m'avait dit qu'elle allait lui envoyer ce qu'il fallait me prescrire comme bilan sanguin) mais surtout, une lettre du dernier chirurgien que j'ai vu, celui qui m'a définitivement envoyé bouler sous des prétextes douteux, avant de me conseiller d'aller en équipe "officielle".
Ce sinistre blaireau (pardon pour les blaireaux) a jugé opportun de lui envoyer une sorte de transcription de notre entretien. Ce mec ne va jamais me revoir, il m'a envoyé bouler, mais il trouve ça cohérent d'envoyer un courrier à mon médecin traitant pour lui dire qu'il m'a conseillé de me diriger vers une "équipe spécialisée" comme il dit, mais que je ne "cautionne pas leurs pratiques".
Comme j'avais déjà envoyé un courrier au service de médiation (j'ai eu une réponse qui me dit que mon courrier avait été reçu, et qu'on me répondrait un jour, il y a  semaines environ), j'ai renvoyé un mail, parce que quand même, se brosser avec le secret médical et balancer mes critiques sur le protocole de la SOFECT, faut pas exagérer. J'ai reçu un mail qui dit que je recevrai une réponse "dans les plus bref délais", et cette fois-ci, on m'envoie du "Respectueusement". J'imagine que c'est lié au fait que j'ai menacé de porter plainte (mais comme j'ai aucune envie d'aller voir les flics, ni d'avoir à me frotter à la justice, c'était juste une blague, mais comme j'ai pas mis "lol" à la fin de la phrase, il-le-s sont pas au courant).

Je trouve ça ouf. Je suis trans, je ne suis pas d'accord avec les protocoles dits officiels mis en place par des super-expert-e-s, donc il faut le signaler. Ça me rappelle l'endoc que j'ai vu à Paris qui m'a fait un cours sur comment devenir un homme respectable, intégré et invisible. Je suis trans, on peut tout se permettre, en plus ça ne peut que m'aider parce que je souffre et que je suis perdu.

Bref, je ne sais pas ce que j'attends de ce deuxième mail (ni du premier), parce qu'en fait je ne vois pas ce qu'il-le-s peuvent me répondre. Enfin cela dit je leur fais confiance parce que leur imagination pour créer des situations absurdes pour me surprendre a jusque là été plutôt étonnante.

Demain matin, j'ai un rendez-vous avec un chirurgien à côté de Rennes.

Allez vous branler sur vos propres identités, merci.

[J'ai lu des textes plus argumentés que celui là sur le thème "je ne suis pas une théorie pour cisgenre souvent universitaire qui a envie de se branler sur mon genre parce qu'être trans c'est trop subversif, allez, dis moi ce que t'as dans ton caleçon", mais tant pis]

Je crois que c'est juste un coup de gueule et que j'aurai peut être la flemme de faire un argumentaire construit, mais franchement, la branlette sur des théories sooo subversives et tout ça sur le dos des trans, sans jamais parler des problèmes pratiques, matériels que les trans peuvent rencontrer, ça commence à me courir sur le haricot.
Voir des universitaires cisgenres publier des articles sur des perfomeur-se-s trans en mode "comment c'est trop cool de réfléchir sur la déconstruction du genre grâce aux trans, comment c'est trop exotique", et c'est à peu près tout, ça me soule.
Allo! Les trans c'est pas juste un concept destiné à vous distraire au cinéma et dans des spectacles, c'est pas juste une idée destinée à vous branler sur des concepts! Si vous voulez déconstruire le concept de genre, vous en avez sans doute un aussi, vous êtes pas obligé-e-s de vous émerveiller devant nos parties génitales (surtout quand les mots pour en parler sortent de votre plume et pas de celle de la personne dont vous parlez).

Je ne dis pas que les artistes trans ne doivent pas avoir de visibilité, loin de là, mais j'ai la fâcheuse tendance à trouver que quand cette visibilité vient des cisgenres, y'a une espèce d'odeur louche autour. Et puis bon, c'est bien d'avoir compris que de passer à la télé maintream pour raconter nos vies en mode "on souffre trop! Ayez pitié! Tolérez nous!" c'était pas productif (voire nuisible) parce que ça éludait toute les questions politiques, mais je ne suis pas sûr que de remplacer ça par une invisibilisation des questions politiques (de type ce qui nous opprime matériellement) au profit d'une utilisation comme objet de branlette intellectuelle soit plus positif. Parler de non-binarité du genre ça peut aussi être intéressant d'en parler aussi sous l'angle de ce qu'on peut se prendre dans la gueule quand on est perçu-e comme non binaire (que ça soit volontairement ou non), et pas uniquement dans le milieu artistique.

Je suppose que tout ça est lié au fait que je sois dans une période où je me reprends dans la gueule tous ces trucs chiants liés au fait d'être trans dans une société cisgenre qui n'en a rien à foutre de ce que je peux avoir à dire à part si ça peut la distraire, mais j'en ai raz le cul d'être laissé de côté pour certains trucs (certains événements, certains discours, certaines actions) où je pense que je serais légitime à être là (parce que c'est difficile pour moi en tant que trans qui n'a fait fait d'opé du torse d'aller à la plage seul, parce que j'ai un utérus et que je peux coucher avec des mecs bios et que je me sens concerné directement par l'avortement, etc...), mais d'être inclus de force à certains autres trucs (études universitaires où, vu comment ça tourne, je me sens juste utilisé parce que je suis un être exotique qui sort tellement de l'ordinaire, performances de cisgenre dans lesquelles on visibilise, alors qu'on est cis, certains aspects de mon parcours que je n'ai pas envie de partager avec un public majoritairement hermétique aux problématiques trans, et où je suis là aussi en un sens exposé comme un animal de foire, discours d'assos "LGBT" qui ne parlent que des homos cisgenres, marche de nuit dans laquelle on inclue les trans dans le titre mais dans aucun autre endroit du communiqué qui fait 2 pages, etc...).

Post post, Grace et Volupté