Je baise
occasionnellement avec des mecs cis, et ça se ne se passe
généralement pas très bien. Généralement je rentre en contact en
ligne, mais c'est m'est aussi arrivé d'aller au sauna et de trouver
quelqu'un sur place. En ligne ça simplifie les choses pour moi,
parce que j'ai plus de facilités à verbaliser ce que je cherche et
mes limites. En théorie, si des gens disent quelque chose qui
craint, je les envoie directement bouler, parce que je considère que
c'est rédhibitoire. En pratique parfois je suis passé sur des
choses que des mecs ont dites, parce que je trouve ça quelque fois
compliqué de tenir ça tout le temps.
La dernière fois,
j'ai été au sauna et j'ai trouvé un mec sur place. Ça s'est mal
passé, parce que pendant qu'on était en train de baiser il a dit de
la merde. Je me suis senti mal parce que c'est violent de se prendre
de la transphobie dans la gueule, d'autant plus quand je suis à poil
et que c'est un truc de ré-assignation, mais j'étais content parce
que j'ai réussi à arrêter le plan, à lui dire qu'il était un
connard transphobe et à me casser.
Mais je ne suis pas
toujours assez fort pour me tirer, et une autre fois avant ça, avec
un connard mec que j'avais rencontré en ligne, ben
j'ai pas réussi. Il n'a pas voulu mettre de capote quand je lui ai
demandé de le faire (il l'a fait plus tard, quand lui en a eu
envie). Avant ça, il a dit « ça fait longtemps que j'ai pas
baisé avec une meuf », et j'ai pas réussi à l'envoyer chier.
J'étais vraiment pas bien, je n'arrivais plus à dire ou faire ce
que je voulais (l'insulter et me casser). Quand c'était fini, il a
dit qu'il supposait que c'était compliqué pour moi de trouver des
gays pour baiser (genre "je suis trop un mec sympa, j'ai bien voulu te sauter même si t'es trans"). Après ça, quelques jours plus tard, mes parties
génitales ont commencé à me gratter et j'avais beaucoup de pertes, et au bout de plusieurs jours ça s'est beaucoup empiré et ça a terminé aux urgences.
Là, j'en viens aux
médecins. Pour faire court, j'en ai vu 5 différents (deux
généralistes, un médecin d'SOS médecins, une gynéco et le
médecin des urgences).
- Un généraliste, que j'ai vu deux fois pour ce problème là, ne m'a tout simplement pas examiné. La première fois il m'a juste donné un anti-douleur, la deuxième fois, alors que je suis arrivé à son cabinet de garde en n'ayant pas dormi depuis une semaine durant laquelle j'ai chialé et manqué de tomber dans les pommes à chaque fois que je devais pisser, et donc avec la gueule tordue par la douleur et en boitant et ne pouvant pas m'assoir, il n'a pas voulu m'examiner.
- La première généraliste que j'ai vue, qui me connaît mieux que l'autre, lorsque je l'ai rappelée 2 jours après l'avoir vue parce que la douleur m'empêchait de dormir, a refusé de me prescrire des anti-douleurs.
- La gynéco s'est comportée correctement et a été à l'écoute.
- Le médecin des urgences, où je me suis rendu à reculons, parce que ma dernière expérience là bas avait été un concentré de transphobie, et parce que l'idée de me faire poser une sonde urinaire dans l'état où j'étais m'effrayait au plus haut point, n'a pas écouté quand je lui ai dit que j'avais trop mal pour qu'il m'examine avant de m'avoir donné un antidouleur, alors que je tremblais, que je me tordais de douleur, et que je n'avais pas pu pisser depuis plus de 12h. Je l'ai repoussé violemment, et là il a jugé opportun de me donner de la morphine avant d'essayer de me toucher. Il a ensuite perdu le prélèvement qui était le but de la manœuvre, et n'a pas jugé utile de m'en tenir informé, ce qui fait que suite à ça, j'ai poireauté plus d'un mois pour pouvoir faire un test sanguin me permettant de savoir si le connard avec qui j'avais baisé m'avait refilé une IST qui allait revenir périodiquement jusqu'à la fin de ma vie ou pas.
Au delà de la
transphobie dont ont fait preuve la majorité des médecins que j'ai
vus ce mois là (illes étaient clairement mal à l'aise avec le fait
que je vienne les consulter pour un problème en lien avec mes
parties génitales), d'autres choses m'ont dérangé dans ce qu'ils
ont dit. 3 sur 4 (l'autre ne m'a même pas posé de questions), m'a
demandé si j'avais eu un rapport sexuel. Tous ont sous-entendu que
c'était avec un mec (comme j'ai un vagin, ça semble être la seule
possibilité qui leur a traversé l'esprit), et qu'il s'agissait
d'une pénétration pénis/vagin. Certes, là c'était le cas, mais
ça aurait pu être un autre type de rapport et/ou j'ai pu de pas
avoir eu que ça comme pratique au cours de ce rapport, ou ça aurait
pu avoir lieu avec un autre type de partenaire.
Les trois ont dit
une phrase comme « Je suppose que c'était un rapport
protégé ». Je trouve que ce type de question posée comme ça
ne laisse pas la place à autre chose qu'à répondre par
l'affirmative, parce que dire non implique d'admettre d'avoir fait
quelque chose qui va être perçu comme une connerie. Par ailleurs,
par « rapport protégé », ces médecins parlaient
uniquement d'utiliser une capote dans le cadre d'une pénétration.
Personne ne m'a demandé si je suçais avec ou sans capote et si je
me faisais sucer avec ou sans carré de latex. Personne ne s'est
demandé si j'avais utilisé des objets de façon safe ou pas. Ni si
la personne avec qui j'avais baisé avait changé d'orifice sans
changer de capote. Et personne ne s'est demandé si j'étais
consentant. Et leurs questions ne laissaient pas de place, vu l'état
d'anxiété dans lequel j'étais (après une agression sexuelle et en
ayant peur de la transphobie des médecins), pour expliquer
clairement ce qui s'était passé.
Je pense qu'au delà
du malaise qu'ils avaient l'air de ressentir face au fait de devoir
m'examiner (c'est à dire en fait de simplement faire leur taff
correctement), ils n'ont pas pensé que le fait que je sois trans
fait que souvent, ces mecs cis ont l'impression de ma faire une fleur
en baisant avec moi, et que ça leur donne l'impression de pouvoir me
traiter comme de la merde. Je suis trans et comme beaucoup d'autres
trans, j'ai des problèmes d'anxiété, qui font que pour moi dire
« non », que ça soit à des plans cul ou à des
médecins, c'est souvent vachement compliqué, tout comme tomber sur
des personnes qui acceptent d'entendre quand je dis non, ou qui
laissent de la place à mes limites.