J'me sens pas bien. En ce moment j'arrive pas à gérer mon anxiété, et ça m'angoisse (c'est balo hein...). Je pique fais des crises d'angoisse, qui se traduisent chez moi par des tremblements incontrôlables. Ça peut m'arriver un peu tout le temps, quand je dois avoir des interactions avec d'autres êtres humains, parfois sans que j'arrive à en identifier les raisons.
Y'a des fois où c'est un mélange de peur et d'énervement, et où la cause de la crise est facilement identifiable, comme il y a deux semaines quand je me suis fait contrôler par la douane (où j'ai réussi à me contrôler en faisant genre "je vous raconte ma vie en m'appuyant sur un siège pour ne pas tomber parce que je ne maitrise plus mes jambes", mais ça m'a super gavé d'avoir fait ami-ami avec des douaniers qui m'ont contrôlé à cause de ma tronche), puis deux jours après par les flics devant une gare, où là je n'ai pas du tout réussi à me contrôler, ce qui les a amenés à me suspecter d'avoir quelque chose à me "reprocher", et à me balancer des trucs méga paternalistes à la gueule ("on est là pour vous protéger", "vous devriez prendre un traitement", "vous savez, vous êtes responsable de votre anxiété, c'est pas la faute des autres, vous donnez une mauvaise image de vous même" (!!!!)).
Parfois par contre je ne sais pas d'où ça vient, c'est dans des moments ou par exemple il y a un groupe de potes autour de moi, et si j'essaie de parler, et ben je commence à trembler. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas si ça se voit. Et ça me gave. Du coup ben dans ces cas là, je ne parle plus, j'attends, j'ai envie de me cacher.
Je ne sais plus trop quoi faire pour lutter contre ça. C'est vraiment chiant, et ça m'empêche de faire des choses, de flipper constamment, quand je suis face à d'autres personnes, de penser que je risque d'être amené à prendre la parole. Par exemple dans un réunion ou en cours, si y'a un tour de table qui commence, je panique, je commence à trembler, j'arrive pas à écouter ce que disent les autres et quand c'est à mon tour j'expédie le truc le plus vite possible, en cachant mes mains, en essayant de contrôler mes tremblements de nuque et en retenant mes larmes selon le degré de gravité de la crise.
Je me suis retrouvé dans des contextes, il y a quelques temps maintenant, où comme c'était plus tenable pour moi d'être constamment silencieux, frustré de ne jamais arriver à parler, et flippé qu'on me pose une question, où j'avais finalement verbalisé tout ça, en expliquant que c'était beaucoup trop anxiogène pour moi. Je crois que j'étais "complexé" par l'image que je pouvais renvoyer, d'une personne qui n'avait jamais d'avis sur rien, qui s'en foutait un peu de tout, qui ne prenait jamais position et qui était toujours dans son coin à tirer la tronche ou à sourire niaisement selon des moments.
Parfois je me fais des blagues, comme par exemple de me dire "tiens, je pourrais faire une intervention dans le cadre du mois de mars de ma ville, devant plein de gens que je connais même pas, qu'est-ce qu'on va se marrer". Hahaha. Ben voilà, après j'ai plus trop le choix, et ça en rajoute une couche, parce que, pour une raison un peu inexplicable, je me sens obligé d'aller faire ce genre de trucs.
Je crois que les fois où je suis particulièrement sujet aux crises de tremblements, c'est quand je me retrouve à parler de ma transition. Par exemples les situations où je dois "m'outer", ça peut donner des choses ingérables. Ou des moments où je dois me "justifier". Ou raconter oralement un comportement transphobe dont j'ai été victime. Là c'est plutôt de l'énervement, et le fait de n'avoir eu aucun contrôle sur une situation vraiment désagréable, humiliante et violente. Pourtant ça me manque vraiment de ne pas pouvoir parler de ce genre de situations. J'en parle surtout sur le net, ou rarement avec d'autres personnes, encore plus rarement avec mes potes de luttes. J'y arrive pas. Pourtant ça me ferait du bien. Sinon ben ça se passe généralement comme ça: un truc transphobe m'arrive - je rentre chez moi raconter ce qui m'est arrivé - je vais râler sur internet - je rumine pendant des semaines.
Ça me manque de ne pas avoir de groupe de potes trans, de lieux où rencontrer d'autres trans, de groupes d'entraide, des soutien. C'est valable pour le partage de ressenti, parce que plus ça va plus ça me gave de n'avoir cette possibilité de partage que très ponctuellement, mais aussi pour organiser des actions par exemple. Je suis toujours un peu le seul trans dans les sphères politisées dans lesquelles je me promène, ou alors rarement on est deux, grand max. J'ai pas envie d'avoir cette place de "référent trans", parce que je ne suis pas représentatif de quoi que ce soit, et parce que personne n'est légitime pour ça je pense. En même temps si je n'essaie pas de combler les vides sidéraux autour des thématiques trans dans les milieux militants près de chez moi, ben je me sens aussi coupable, et j'ai pas envie que des cis le fassent seul-e-s. Et quand y'a une demande de la part de cis, qui n'ont pas envie de parler à la place des trans, ben je trouve ça très bien, donc j'y vais quand même.
Bref, j'ai l'impression de m'engluer petit à petit dans mes angoisses.
A côté de ça, je suis vraiment énervé et triste que tant de personnes se soient bougées pour le mariage et de penser que pour les trans, bah j'ai l'impression qu'y'aura de toute façon jamais que des miettes, y'a pas de temps à consacrer à ça et y'a toujours plus important que d'aller à une action contre la transphobie (par exemple, à Rennes, plus de 2000 personnes à la manif pour le mariage, 20 personnes au TDoR \o/ et 12 personnes qui prévoient pour le moment de venir au rassemblement de samedi, sensé ouvrir sur d'autres revendications, dont essentiellement des revendications trans. Je sais, c'est pas les mêmes réseaux -mais la faute à qui? aux personnes qui galèrent pour faire connaître leur événement ou aux grosses assos "LGBT" qui connaissent très bien l'événement mais qui refusent consciemment de le relayer voire organisent autre chose au même moment pour le squeaser?-, quand les gens sont directement concernés ils viennent d'avantage, quand une lutte vient d'être remportée (toutes proportions gardées...), les gens sont plus occupés à envoyer des bouquets de fleurs à des ministres qu'à savoir comment s'en sortent les autres minorités, etc...).
Bon et sinon je suis aussi vachement angoissé à l'idée de retourner en cours, de devoir cotoyer des hétér@s cis toute la journée, en tant que semi-planqué que je suis après avoir pu ne pas fréquenter trop d'hétér@s ces deux derniers mois (à part des médecins un peu trop fréquemment, m'enfin...). Bon, j'ai pas pu trop me préserver de la fréquentation de cis-land hein, parce que c'est un peu complexe à éviter ne serait-ce que quelques heures, et parfois pfiou, qu'est-ce que j'aimerais pouvoir m'épargner ça...
mardi 26 février 2013
vendredi 15 février 2013
L'administratif, c'est que du bonheur
J'avais tenté de lancer une procédure de changement de prénom en septembre 2011 et j'avais laissé tomber parce que je ne sentais pas trop l'avocate, que j'ai trainé et que finalement je me suis arrêté en chemin. J'ai très peur des administrations, c'est là que je rencontre le plus de comportements transphobes et/ou de culpabilisation sur le fait de ne pas avoir beaucoup de thunes. Là, juste avant mon opé, j'ai eu un pic de motivation et j'ai fait une demande d'aide juridictionnelle, sans avoir d'avocatE au préalable, donc y'a a unE qui est désignéE d'office. En envoyant le truc, je me suis dit que c'était une connerie de faire désigner quelqu'unE, mais bon, c'était fait.
L'AJ a été acceptée, AJ totale, donc je ne paie rien. Je contacte l'avocat désigné, il me file un rendez-vous, m'appelle pour le décaler d'une demi-heure, me rappelle la veille pour l'annuler et m'en refixer un, ça a bien commencé.
J'arrive ce matin, je poireaute trois quarts d'heure, à l'entendre papoter avec ses collègues et se faire du café, ambiance. Bon je veux pas faire comme si tout était négatif, la chaise sur laquelle j'ai passé tout ce temps avait de très beau motifs.
Finalement, le mec vient quand même me chercher. Il me demande ce qui m'amène, et il ne comprend pas. Bon, j'explique, blabla, transition, blabla, je suis né de sexe F, mais je vis "en mec" depuis tant et tant de temps, je ne veux pas d'un changement d'état civil parce que ceci et cela, etc. Il écoute, et il comprend toujours pas. Il lit mon attestation psy, regarde ma carte d'identité, et me dit "mais je ne comprend pas". Après il semble avoir une illumination, et puis en fait non, fausse alerte: "pourquoi y'a écrit transsexuel?" "Bah... parce que c'est comme ça que ça s'appelle je suppose". Gros silence.
on continue. "Non mais je veux dire, vous n'avez pas fait d'opération génitale, vous restez une fille". "Bah non, j'ai une vie sociale au masculin, personne ne me parle plus au féminin depuis des années". "Oui mais quand même". Bref...
Bon je ne vais pas raconter en détail ces horribles 40 minutes mais j'ai rarement eu l'occasion de constater autant de bêtise, l'intrusivité (beh non, ce mot n'existe pas) et de manque de professionnalisme. J'ai dû lui expliquer où présenter le dossier (aux affaires familiales et pas au TGI), quels motifs invoquer, etc...
Le mec, quand même, il m'a dit:
L'AJ a été acceptée, AJ totale, donc je ne paie rien. Je contacte l'avocat désigné, il me file un rendez-vous, m'appelle pour le décaler d'une demi-heure, me rappelle la veille pour l'annuler et m'en refixer un, ça a bien commencé.
J'arrive ce matin, je poireaute trois quarts d'heure, à l'entendre papoter avec ses collègues et se faire du café, ambiance. Bon je veux pas faire comme si tout était négatif, la chaise sur laquelle j'ai passé tout ce temps avait de très beau motifs.
Finalement, le mec vient quand même me chercher. Il me demande ce qui m'amène, et il ne comprend pas. Bon, j'explique, blabla, transition, blabla, je suis né de sexe F, mais je vis "en mec" depuis tant et tant de temps, je ne veux pas d'un changement d'état civil parce que ceci et cela, etc. Il écoute, et il comprend toujours pas. Il lit mon attestation psy, regarde ma carte d'identité, et me dit "mais je ne comprend pas". Après il semble avoir une illumination, et puis en fait non, fausse alerte: "pourquoi y'a écrit transsexuel?" "Bah... parce que c'est comme ça que ça s'appelle je suppose". Gros silence.
on continue. "Non mais je veux dire, vous n'avez pas fait d'opération génitale, vous restez une fille". "Bah non, j'ai une vie sociale au masculin, personne ne me parle plus au féminin depuis des années". "Oui mais quand même". Bref...
Bon je ne vais pas raconter en détail ces horribles 40 minutes mais j'ai rarement eu l'occasion de constater autant de bêtise, l'intrusivité (beh non, ce mot n'existe pas) et de manque de professionnalisme. J'ai dû lui expliquer où présenter le dossier (aux affaires familiales et pas au TGI), quels motifs invoquer, etc...
Le mec, quand même, il m'a dit:
- Que tous les papiers que je lui avais apportés, c'était bien beau, mais que là c'était un peu moi qui "forçait les choses", que des attestations de médecins ça faisait moins genre "je me suis réveillé ce matin et j'ai décidé de changer de sexe". Et puis les tribunaux, ils doivent vérifier, parce qu'après les gens changent d'avis. Lolilol. Précision: dans les papiers que je lui ai apporté, y'en a qui datent de 2008 (y'a 5 ans donc), y'a des attestations de mes parents, mon inscription à la fac au masculin des deux dernières années, mon bail, toutes mes factures, des choses comme ça, qui laissent vaguement penser que quand même, je suis pas juste en train de m'amuser. Mes endocs n'ont pas voulu me faire de papier pour le tribunal quand je leur ai demandé, et de toute façon je ne les vois plus. On va se marrer.
- Qu'il ne comprenait pas l'intérêt que j'avais à changer de prénom. Je lui explique que souvent on pense que mes papiers ne sont pas les miens. Il me dit quand quand même, la photo est ressemblante. Je dis que souvent on pense que j'ai piqué les papiers de ma soeur. Là, quand moment de bonheur: "Vous avez une soeur?" "Oui." "Et elle, comment dire, elle a ce type de problèmes, de penser qu'elle n'est pas une fille?" (Là, je me tape encore la tête contre un mur d'avoir répondu...) "Heu... Non..." "Et votre frère, qui a fait une attestation, il n'a pas de problème avec le fait d'être un garçon?" "...."
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